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Critique Macross Plus

Critique réalisée en collaboration avec le youtubeur « L'otaku du haut ».

1) Synopsis
2) Origine
3) Présentation de l'anime 
4) Les personnages
5) Animation / Mise en scène / Graphisme
6) Son
7) Conclusion

1) Synopsis

Trente années se sont écoulées depuis la fin de la guerre entre les humains et les Zentradi (événement de SDF Macross).  Dans la base de New Edward (sur la planète Eden) l'armée organise une sélection du prochain chasseur variable standard. Deux chasseurs concurrent sont en compétition. Une rivalité, accentuée par de vieux différends, surgit entre les deux pilotes d'essai. Les choses se compliquent encore lorsque leur amie d'enfance, Myung, revient sur Eden comme productrice de la star virtuelle, Sharon Apple. Au même moment, le Macross Consortium tente de mettre au point un chasseur autonome contrôlé par intelligence artificielle, le Ghost X-9.

2) Origine

Macross Plus fut créé pour devenir le  successeur de la série SDF Macross de 1982, sachant qu'entre la version film de 1984 et Macross II (au succès peu concluant) en 1992 aucun nouveau Macross n'était sorti. Macross Plus fut réalisé en parallèle avec Macross 7 qui commença à être diffusé en octobre 1994. Alors que Macross 7 fut réalisé par Tetsuro Amino (qui n'avait jamais travaillé sur un Macross), Macross Plus fut réalisé par Shoji Kawamori (créateur et directeur de tous les Macross, sauf Macross 7 et Macross II).

L'un des objectifs du retour de la licence, avec de nombreuses productions rapprochées, était de relancer la popularité de la licence, non seulement au Japon mais également au USA. Ce qui explique en partie le côté plus américanisé de ces deux Macross. Cet intérêt vient du fait que Kawamori avait pour but la création d'un flm live à Hollywood, il avait donc besoin d'améliorer la visibilité de la licence au USA pour motiver les studios de cinéma. 
Pour la petite histoire, malheureusement pour lui à partir de 1999, Harmony Gold (société américaine derrière Robotech), a tenté de bloquer l'importation et l'octroi de licence de tout produit Macross. La situation juridique à l'international est devenue si compliqué et opaque que même actuellement aucun Macross n'est sortie, officiellement, hors du Japon depuis Macross Plus...

Pour en revenir plus précisément à Macross Plus. Si celui-ci est souvent comparé au film américain « Top Gun » (1986), il est en réalité inspiré du roman de l'écrivain et chroniqueur américain Tom Wolfe « L'Étoffe des héros » paru en 1979 et adapté en film par Philip Kaufman en 1983.

3) Présentation de l'anime

Nom international: Macross Plus
Nom officiel Français : Macross Plus
Nom Japonais :マクロスプラス

Type: OVA
Durée: 4 épisodes de 39 minutes
Date de sortie: Du 25 aout 1994 au 25 juin 1995
Producteurs: Studio Nue
Studios: Triangle Staff
Licence Française : Pathé
Source: Original
Genres: Drame, Mecha, Militaire, Romance, S-F, Musique

Macross Plus fut produit par deux directeurs de renom. Shoji Kawamori, figure emblématique des Macross pour avoir dirigé la totalité des Macross (sauf Macross II et 7). Il cumule ici les postes de créateur original, directeur, storyboard et sa spécialité concepteur mécanique. En plus de SDF Macross et sa version film DYRL ?, il était déjà connu pour la conception mécanique de « Ulysse 31 » (1981) et de plusieurs Transformer à la fin des années 80, à noter qu'il a également travaillé sur les méchas du Ghost in the Shell de 1995 en parallèle de Macross Plus. 
L'autre, qui était peu connu à l'époque mais possède aujourd’hui une renommé international, est Shinichiro Watanabe, maintenant mondialement connu pour des animes comme Cowboy Bebop (1998), Samurai Champloo (2004), Zankyou no Terror (2014), et plus récemment Carole & Tuesday (2019).

Comme le dit le synopsis nous avons ici affaire à un triangle amoureux, élément classique des Macross, entre trois anciens amis d’enfance : une tête brûlée indisciplinée, un gars sérieux et mature, et une jeune femme qui fait carrière comme productrice de la star du moment. On se retrouve ainsi avec une lutte virile entre deux hommes pour le cœur de la belle, mais également dans leur travail puisque chacun d'eux est le pilote d'un chasseurs en concurrence pour devenir le prochain chasseur de l'armée. 
Il ne faut donc pas s'attendre à un Space Opera profond ou des combats spatiaux titanesques. Il s'agit surtout d'une histoire intimiste où le véritable sujet principal sont les émotions, positives comme négatives. Il faut savoir que Macross Plus est le Macross le plus adulte sorti à ce jour, que ce soit dans ses personnages ou dans ses thèmes. Avec un côté plus sombre et torturé que dans les autres animes de la licence. Pour bien comprendre il faut se remettre dans le contexte. 
L'animation japonaise des années 90 est marquée par plusieurs facteurs touchant la société japonaise. Premièrement, la crise économique du début des années 90, dont les effets se font encore ressentir aujourd’hui, secoue profondément la société qui perd repaires et morale. Ce qui se traduit par une vague d'animes sombres et pessimistes qui cherchent à refléter l'état de la société, comme par exemple Perfect Blue (1998). Très souvent ils sont combinés avec l'autre préoccupation de l’époque : le développement de l'informatique, qui commence à être de plus en plus présent dans la société et les foyers. Des œuvres comme Gunnm (manga 1990), Ghost in the Shell (film 1995) et Serial Experimental Lain (anime 1998), sont très représentative des craintes dans l'avenir et les questionnements sur l'avenir de l'humanité dans un monde connecté, qui suit l'arrivé du web.
 
Ce qui nous amène au deuxième thème important de Macross Plus : la relation entre l'homme et les intelligences artificielles. Un thème classique de la littérature de S-F, mais qui est très peu courant dans les animes, surtout avant cette période, je rappel que le film Ghost in the Shell n'était pas encore sorti, pourtant à voir Macross Plus aujourd’hui des passages et même certaines sonorités nous rappel l'ambiance cyberpunk de Ghost. 
Dans Macross Plus la chanteuse la plus populaire du moment n'est pas l'idole que l'on retrouve généralement dans les Macross, mais une IA (présentée comme totalement autonome) qui apparaît sous forme d’hologramme durant ses concerts. Difficile de ne pas en dire plus sans spoiler mais pour info son aspect physique « réel » est une référence à HAL, la célèbre IA du film « 2001, l’Odyssée de l’espace » de Stanley Kubrick (1968), ce qui n'est pas innocent. Dans le thème des IA on trouve aussi l'armée qui test un drone de combat autonome (le Ghost X-9) en vu de supprimer les pilotes humains, ce qui amène d'autres thématiques sur le sujet. Sachant au passage que le studio derrière Macross Plus, Triangle Staff, a réalisé quelques années plus tard le fameux Serial Experiments Lain (1998).

Si l'anime possède une intrigue résolument originale, surtout pour l'époque, avec en plus une animation de haut niveau (comme on le verra un peu plus tard), l'anime soufre de quelques petits défauts. Principalement au niveau du rythme de l'histoire, de ses personnages pas particulièrement inspirés, et de ses peut être trop nombreux thèmes différant, ce qui peut rendre le tout un poil brouillon. Cependant l'épisode final vient facilement compenser tout ça.

Après à la question « faut il avoir vu les autres Macross pour comprendre Macross Plus ? », je dirai que ce n'est absolument pas une obligation. L'histoire de Macross Plus (comme bien souvent avec les Macross) se déroule bien dans le même univers que les autres, mais il n'y a pas de lien scénaristique direct et il peut être parfaitement regardé indépendamment et sans rien connaître des autres. Mais bien sûr il est toujours préférable d'avoir au moins vu SDF Macross (ou sa version film DYRL ?) pour bien comprendre le contexte. A noter également que les chansons sont traitées différemment et sont beaucoup moins « invasives » que dans les autres Macross (hormis Zero), donc si la J-Pop ce n'est pas ton truc tu pourras au moins regarder Macross Plus. 


Macross Plus the movie 

En 1995 Macross Plus a eu le droit à une version film. Il s'agit d'une compilation des OAV, avec quelques petites modifications, qui ne change absolument pas l'histoire mais avec 20 minutes de scènes inédites, et autant de supprimées, il y a des corrections de rythme et de nouvelles scènes de voltiges impressionnantes. Par contre le film n'offre rien de nouveau au niveau du scenario si on a vu les OAV.

4) Les personnages

Avec une durée si courte Macross Plus ne possède pas beaucoup de personnages, et encore moins de personnages notables. Seul le trio principal se dégage du lot. 
En premier lieu Isamu, qui est le personnage principal. Fasciné par le vole depuis son enfance c'est un pilote de très grand talent, montrant une maîtrise incroyable des chasseurs qu'il pilote. Mais en échange de ça c'est une tête brûlée trop sûr de lui qui ne respecte pas les ordres et le règlement militaire... ni grand chose d'autre d’ailleurs. Une sorte de cliché du pilote de chasse américain comme on le voit dans les films. Il se retrouve ainsi retiré du front pour servir de pilote d'essai au nouveau chasseurYF-19, prototype qui a envoyé plusieurs pilotes à l’hôpital... et au cimetière. C'est un ami d'enfance de Guld et Myung mais ils sont en froid depuis un certain événement. A savoir que Isamu fait une apparition dans le film « Macross F Sayonara no Tsubasa », il est extrêmement rare qu'un personnage d'un Macross fasse une appariions dans un autre.
Guld Bowman lui semble être tout l'inverse de Isamu. Calme, sérieux et mature, voir même sombre, il est le pilote d’essai du chasseur concurrent, le YF-21. C'est un métis Humain-Zentradi, ce qui lui donne une carrure et une force physique supérieures. S'il semble calme il perd facilement son sang froid quand il a affaire à Isamu.
Et pour finir : Myung Fang Long. Plus jeune elle avait pour rêve de devenir chanteuse, mais suite à un certain événement elle a quitté Eden pour la Terre, abandonnant la chanson. Elle revient sur Eden en tant que productrice du Sharon Apple Project et retrouve par hasard Isamu et Guld, réveillant leur vieille rivalité pour elle. Malheureusement je n'ai pas grand chose d'autre à dire sur elle. Si j’apprécie qu'elle ne soit pas la jeune fille moe que l'on retrouve peut être trop souvent dans les Macross, on ne peut que regretter sa faible écriture.
Ce qui est d’ailleurs probablement le plus gros problème de Macross Plus, ses personnages ont du mal à convaincre et manquent clairement de profondeur. La rivalité entre Isamu et Guld semble également très clichée et sans grande justification, il faut attendre de tardives révélations pour enfin comprendre le sens de leur comportement. Tout le monde n’accroche pas non plus au caractère assez puéril de Isamu. Il faut par contre noter que les personnages sont bien plus âgés qu’habituellement dans un Macross, et même dans l’animation en général, étant donné qu'ils ont entre 23 et 25ans, alors que d'habitude on est plus dans les 15 ans. Ce qui souligne la tentative de rendre Macross Plus plus mature que les autres, que ce soit dans les personnages ou le scénario. On notera également qu'il s'agit ici d'un triangle inversé. Ici deux hommes s’affrontent pour une femme, alors que d'habitude on a un garçon qui hésite entre deux filles. Un triangle qui réserve son lot de révélation imprévisible et surprenante. 

5) Animation / Mise en scène / Graphisme

Voila incontestablement l'un des gros point fort de Macross Plus. Il faut savoir qu'il s'agit de l'un des tous premier anime à mélanger animation traditionnelle sur celluloïd et animation assistée par ordinateur, la fameuse 3D (ou CGI). Malgré son statu d'animation quasi-expérimentale, le résulta se montre efficace et même spectaculaire, surtout comparé à ce que l'on trouvé à l'époque. 
Comparé aux productions actuelles les couleurs sont moins vivent et l'aspect moins propre et lisse. Mais en échange il possède un niveau de détail supérieur particulièrement au niveau des méchas, la grande spécialité des Macross. En plus du haut niveau de détail il se montre d'une fluidité incroyable, que nombre de productions de méchas n'arrivent toujours pas à atteindre de nos jours avec la 3D. On assiste à des formidables combats aériens parfaitement chorégraphiés et fluides, dont certains (n'ayons pas peur des mots) restent encore aujourd’hui parmi les meilleurs de l'animation, avec un affrontement final au sommet. 
Impossible également de parler des combats de Macross sans parler du fameux « Macross Missile Massacre » ou « Itano Circus ». Cette façon unique de rendre la trajectoire des missiles esthétique et dynamique. A savoir que pour améliorer encore ça technique (testé dans SDF Macross), Ichiro Itano a assisté à des combats aériens simulés pour un réalisme maximum. D’ailleurs une partie de l'équipe de production a étudié des chasseurs de combat américains à la base aérienne Edwards en Californie. De nombreux décors sont également d'inspirations américaines, avec : San Francisco (qui a aussi servi pour la ville principale de Macross Frontier),  la base Edwards en Californie, Orlando en Floride, etc….
Mais il n'y a pas que les méchas qui brillent. L'esthétique coloré et quasi-surnaturel des concerts de Sharon sont également du plus haut niveau. Les mouvements des personnages sont également particulièrement fluides et moins rigide que ce que l'on a l’habitude. 
 
Malgré son age respectable Macross Plus reste encore aujourd’hui parfaitement regardable et on n'a aucun doute sur l'effet qu'il a eu à son époque. Il s'agit clairement de l'un des plus beau anime des années 90. Ce qui le rend bien plus abordable que SDF Macross ou Macross 7.

6) Son

Les Macross ont traditionnellement l'habitude de lancer des carrières de chanteuses et Macross Plus en fait parti. En effet, c'est avec lui que Yoko Kanno fut remarquée, signant par la suite l'OST d'anime comme : « Cowboy Bebop », « Darker than Black », plusieurs « Ghost in the Shell », ou encore « Wolf's Rain ». Bien qu'il s'agisse ici de son premier travail sur un anime elle livre une OST convaincante et efficace, avec de nombreux genres musicaux qui soutiennent parfaitement l’ambiance de la série. Avec du blues, du jazz et de l'électro, dont la sonorité rappelle parfois les musiques de Kenji Kawai sur Ghost in the Shell. Étant donné l'importance de la musique dans les Macross, et dans le scenario de Macross Plus, où il est fortement question d'émotions, l'anime doit beaucoup au talent de Kanno. Non seulement pour les musiques de fond, mais également pour sa magnifique chanson "Voices", la chanson d'intro et de fin. Il est également intéressant de voir que les chansons sont traitée différemment que dans les autres Macross, où elles ont toujours (ou presque) un rôle positif, ici ce n'est pas forcément le cas.

A savoir qu'à l'époque une version internationale fut doublée en anglais (sous-titrés japonais), chose  tout simplement révolutionnaire pour l'époque. En effet, si durant les années 1990 l'animation japonaise commençait à être remarquée au USA, il était encore très rare de voir des animes sortir officiellement. Mais cella rentre parfaitement dans l'objectif qu'avait l'anime que j'ai évoqué au début. Par contre il faut savoir que dans l'épisode 4 de cette version la bande-son a été presque totalement modifiée pour le public US... une bien triste habitude du marché US qui continue encore aujourd’hui.

Isamu Alva Dyson = Takumi Yamazaki
Muu Aries, Saint Seiya / Dera Mochimazzi, Tamako Market / Casio Takashiro, Gunbuster 2

Guld Bowman = Unshou Ishizuka
Jet Black, Cowboy Bebop / Van Hohenheim, FMA Brotherhood / Sergei Smirnov, Gundam 00

Myung Fang Long = Rica Fukami
Beneej Spoor, Banner of the Stars / Minako Aino, Sailor Moon / Kazuya Uesugi, Touch


7) Conclusion

En dépit de ses défauts de personnages et de rythme, et une profondeur scénaristique plus faible que SDF Macross et DYRL ?, Macross Plus n'en reste pas moins impressionnant. Avec un niveau de production exceptionnel pour son époque, donnant des séquences spectaculaires de voltiges d'une fluidité rare (même aujourd’hui), ou encore un final épique d'une intensité explosive. S'il utilise des thèmes assez classiques de la science-fiction il le fait très bien et y mêle un côté cyberpunk assez typique des années 90 au Japon. Le tout avec une bande-son impressionnante. Macross Plus réussit également le pari de relancer la licence Macross, prenant ses distances avec le Macross d'origine pour nous offrir une production innovante, aussi bien sur le plan artistique que narratif.
Il ne faut pas avoir peur de son age, il reste encore parfaitement regardable et intéressant. Il ne s'adresse pas non plus exclusivement aux fans de Macross ou de méchas, je pense que même si on aime pas les méchas on peut l’apprécier. 

+ L'animation 
+ Les musiques
+ Un ton plus sombre et mature que dans les autres Macross

- Personnages peu convaincants
- Quelques problèmes de rythme et d'écritures

Scenario : 7/10
Personnages : 6/10
Animation / Graphisme : 9/10
Son: 9/10

Mon ressenti : 16/20

Moyenne MyAnimeList: 7,78/10 ( 16063 votes)
Moyenne Senscritique: 7,60/10  ( 364 votes)

Date de dernière mise à jour : 25/08/2019