Critique réalisée en collaboration avec le youtubeur « L'otaku du haut ».

1) Intro

L'animation japonaise des années 80 fut marquée par " Space Battleship Yamato " et " Mobile Suit Gundam ", qui rendirent populaire les animes de S-F et les mécha. Deux ans après Gundam, l'animation japonaise voit arriver un nouvel anime de mécha qui lui aussi marquera le genre, SDF Macross.
Macross a contribué à l'essor du genre mécha réaliste au côté de Gundam, mais est malheureusement bien moins connu et reconnu en occident. Il faut dire que le rythme de sortie est très espacé (au moins 8 ans entre chaque Macross), et que la plupart ne sont jamais sorti du Japon à cause de problème juridique avec les USA. Pourtant son impact sur l'animation japonaise de S-F est loin d'être négligeable. Pour preuve, la licence continue encore plus de 35 ans après.

2) Synopsie

Tout commence sur Terre en 1999, un jour un gigantesque vaisseau spatial d'origine inconnue s'écrase sur une petite île du Pacifique. Bien que très fortement endommagé il se révèle bien rapidement qu'il s'agit d'un vaisseau de guerre. Inquiet par cette révélation, les principaux pays décident alors d’unir tous les pays du monde sous un gouvernement unique, débutant ainsi une 3ème guerre mondiale, dite « d'unification ». Pendant ce temps le vaisseau est restauré, devenant le SDF-01 Macross. 
En 2009 (quelques mois après la fin de la guerre), le Macross s’apprête à être l'inauguré, mais voila qu'aux même moment des vaisseaux inconnus s'approchent de l'orbite terrestre. A cause d'un problème lors du vol hyper-spatial, le SDF-1 (entraînant une partie de l’île avec lui) se retrouve sur l'orbite de Pluton. Avec maintenant 56 000 civils à bord et pourchassé par un ennemi inconnu infiniment plus nombreux et puisant, le Macross tente de regagner la Terre.

3) Naissance de Macross

Il faut savoir que la façon de travailler fut très différente des autres productions de l'époque, les membres de l'équipe de production étaient jeunes (certains étaient même encore à la fac) et eurent une grande liberté. Mais ça n'a pas toujours été un avantage.
A l'origine ils travaillaient simultanément sur deux séries : une avec des mecha inspirés du chasseur A-10 avec des jambes pour le combat terrestre, et une comédie romantique sur fond de S-F et de guerre spatiale. Finalement la première fut annulée et la deuxième qui devait être une coproduction à vu l'un des studios fermer, laissant le studio Nue (dont il s’agissait de la première série originale) seul. Les deux projets furent en quelque sorte fusionnés pour créer un anime de romance dramatique sur fond de guerre, retirant les éléments comiques autant que possible. Les parties : combat pour la survie de la Terre et la relation triangulaire, devinrent plus importantes. 

Mais les péripéties étaient loin d'être terminées. La série devait initialement faire 52 épisodes, avant d'être réduite à 48 puis 39, par manque de financement. Diffusée à partir de mai 1982, le nombre d'épisodes fut encore réduit, l’histoire fut ainsi comprimée. La jeune équipe c'est également retrouvée avec un énorme problème de délai, qui a failli faire annuler la diffusion. La situation était telle qu'ils n'avaient pas le temps de colorier tout les celluloïds ou de faire des corrections.
Malgré toutes les coupes le sponsor fut satisfait des ventes des produits dérivés. Il demanda alors une extension, la série atteignant finalement les 36 épisodes. Ainsi les épisodes 1-27 couvrent la guerre et les épisodes 28-36 l'après-guerre (2 ans après) et servent finalement de point de départ pour ce qui devient ensuite une véritable saga. 

Pour l'anecdote l'idée de mettre une ville à bord d'un vaisseau spatiale, fut imaginée par Kawamori alors qu'il travaillait sur la coproduction Franco-Japonaise « Ulysse 31 ». L'idée n'avait alors pas été approuvée par la partie française. La transformation du Macross elle avait été imaginée pour la version animée de l'Arcadia d'Albator, mais avait été refusée par l'auteur du manga.

4) Présentation de l'anime

Nom international: Macross
Nom officiel Français : Macross
Nom Japonais : 超時空要塞マクロス / Choujikuu Yousai Macross
Traduction approximative :  Super Dimension Fortress Macross

Type: TV
Durée: 36 épisodes de 26 minutes
Diffusion: Du 06 octobre 1982 au 26 juin 1983
Saison: Automne 1982
Producteurs: Studio Nue
Studios: Artland, Tatsunoko Production
Licence Française : Declic Image
Source: Originale
Genres: Action, Mécha, Militaire, Musique, Romance, S-F, Space-Opera

Macross a été imaginé par le studio Nue, qui avait déjà travaillé sur des anime comme Uchuu Senkan Yamato (1974) et Captain Herlock (Albator, 1978), mais il s’agissait de leur première série originale. Avec la participation du studio Artland (Ginga Eiyuu Densetsu, 1988 / Mushishi, 2005). 

Comme dans beaucoup d’œuvres de S-F, Macross raconte le premier contact entre les humains et des extraterrestres. Mais ici la guerre commence par une attaque (accidentelle) des humains. Le fait que le Macross se retrouve loin de la Terre et cherche à la rejoindre était une tentatives de briser le schéma habituel. L’objectif n'était pas de montrer la guerre, ou un drame politique, mais une romance sur fond de guerre. Contrairement à « Yamato » il ne cherche pas à montrer les vertus de la guerre ou de l'honneur militaire, ici la culture, la tolérance, la paix et l'amour sont les thèmes principaux.

Malgré son ton assez léger en apparence, Macross est une série avec un scenario bien plus ambitieux que ce que l'on pourrait penser. Son originalité vient de cette capacité à alterner entre scènes de batailles spatiales et dimension sociale et humaine. Par exemple, Gundam lui met en avant la technologie. Celui qui a la technologie la plus avancée gagne. Mais Macross met en avant le facteur humain, pas seulement le classique courage héroïque ou le « pouvoir de l'amitié » comme souvent dans les anime, mais également : l'amour, la tolérance, ou encore le fait de chercher à comprendre les autres. Les humains et les Zentradi combattent non seulement sur le plan militaire, que sur le plan culturel et idéologique. 
Macross aborde également d'autres thèmes peu courants, comme par exemple l'impact des médias et des célébrités en temps de guerre, une certaine critique des politiciens, la discrimination,  ou encore une réflexion sur le tempérament belliciste des humains. Mais ça reste un divertissement grand public, il ne s'agit pas non plus d'une œuvre philosophique ou lourde. Le tout étant très fluide et bien amené. Le fait que le nombre d'épisodes est été réduit, comparé au projet d'origine, fait que l'histoire est très compacte et on trouve peu d'épisodes de remplissage pour une série de cette longueur.

Poursuivant sur la lancée de Gundam, qui fut le premier anime à présenter des mécha réalistes, Macross amena les premiers mécha réalistes transformables. Contrairement à tout ce qui se fessait avant, dans Macross les changements de modes des mécha sont techniquement crédible et n'ont pas de modifications totalement improbables de leurs tailles ou de leurs formes. En plus de ça, leurs créations fut justifiée par la taille des Zentradi (15m de haut), ainsi que par les avancées technologiques obtenues grâce au Macross. L'autre originalité c'est que les méchas sont tous des modèles produits en série, et non des modèles unique destiné à un pilote élut par les dieux, ce qui rajoute en réalisme et en profondeur de l'univers. Mais forcément il y a des différences de couleurs (enfin quand ils ne se trompe pas), histoire de ne pas se perdre durant les combats. Autre chose importante avec les mécha Macross c'est qu'il n'y a pas de « super robot », un seul tir bien placé peut détruire un mécha. D’ailleurs, les capacités des pilotes sont bien-plus mis en avant que les caractéristiques des mécha.  

5) Les personnages

Macross tir également sa popularité de ses personnages attachants, marquants et d'une excellente qualité d'écriture. En 2010 les fans japonais de Macross ont élus Roy Fokker comme meilleur personnage masculin tous Macross confondu, preuve que cette première saison a su marquer les esprits. Les personnages forment véritablement le cœur de l'anime et c'est à travers eux que cette grande odyssée spatiale, particulièrement riche en émotions, existe.
 
Les personnages sont globalement très jeunes, on se retrouve ainsi avec des pilotes de 15ans et des officiers supérieurs de 19ans... l'anime se présente donc comme un parcourt initiatique où les personnages grandissent et évoluent en plein milieu d'une guerre. A noter que pour une fois l'age des personnages est justifié dans le scenario, les adultes étant en grande partie mort durant la guerre d'unification. On s'intéresse autant à leurs développements et leurs relations, qu'a l'avancée de la guerre. La licence Macross étant très connue pour ses emblématiques triangles amoureux. Ici il ne s'agit pas juste d'un élément secondaire comme dans beaucoup d'anime, c'est vraiment un élément central. D’ailleurs, certains trouvent que vers la fin le triangle amoureux prend trop de place.
Hikaru et Minmay commencent comme des adolescents perdus à bord d'un vaisseau. Tout semble les rapprocher mais les événements les engagent dans des voies très différentes. L'un quittant la vie civile pour devenir pilote militaire, l'autre suivant son rêve de devenir idole. On se retrouve ainsi avec une intéressante et originale opposition entre point de vue militaire et civil. Autre originalité, Hikaru n’est pas le meilleur pilote de l’histoire, sans être mauvais il est régulièrement touchés, ce qui change des supers pilotes que l'on voit régulièrement. Ici la guerre est complexe et crédible, se ne sont pas les actions d'un seul pilote qui peuvent changer le cours d'une bataille. Il ne s'agit que d'un jeune civil comme d'autres, qui se retrouve entraîné dans une guerre sans y être préparé. 

Mais les humains ne sont pas les seuls à être mis en avant, on trouve également de nombreux Zentradi intéressants et importants. Leur point de vu est bien présenté et il ne s'agit pas juste de grands méchants qui attaque la Terre par ennui. Ici aussi on ressent la différence avec un anime comme Yamato, puis-ce-que la guerre n'est pas glorifié et on ne retrouve pas se côté guerriers chevaleresques. 

6) Animation / Mise en scène / Graphisme

La on arrive au gros point noir de l'anime. Évidement je pourrai dire que comme l'anime est sorti au début des années 80 on ne peut plus vraiment juger... mais en réalité même à l'époque il était déjà considéré comme souvent visuellement très moyen. Ce n'est pas vraiment un manque de compétence de l'équipe de production, les causes sont plus complexes. Tout d'abord le budget n'était vraiment pas faramineux, ils ont même eut beaucoup de mal à trouver des sponsors. Ensuite le manque de personnel et d'expérience, ainsi que la conception expérimentale pour l'époque, fit que le calendrier de production était très serré. Pour compenser, une partie de la production fut sous traitée en Corée du Sud (chose courante dans l'animation japonaise), cependant le niveau des dessins était significativement plus faible. Le manque de temps empêcha également de diffuser des correctifs. Il y a une très grande différence de qualité entre les "scènes importantes" réalisées au Japon, et dont certaines sont particulièrement réussite et esthétique, et les scènes secondaires réalisées en Corée. Avec également quelques scènes réutilisées (une en particulier).
En plus de son aspect pas franchement flamboyant et très aléatoire, on trouve aussi de très nombreuses erreurs et faux raccords, surtout durant les scènes de batailles, comme des tirs lasers qui sortent du nez des chasseurs, ou des missiles qui apparaissent. Les couleurs comportent aussi de nombreuses erreurs, surtout avec Max. Ces erreurs étaient si impopulaire au moment de la diffusion que certaines furent corrigées avec les moyens du bord, en modifiant la luminosité ou la teinte. 
Mais de toute façon je ne pense pas que l'on regarde SDF Macross pour ses graphismes, à la manière d'un Ginga Eiyuu Densetsu.

On y trouve tout de même des scènes de combats de haute qualité et globalement on remarque que les mécha bougent très bien et sont fluide. L'épisode 27 est très clairement au dessus des animes de l'époque. Ainsi que des plans expérimentaux et audacieux, avec des cadrages et mouvements de camera originaux et surprenants (dont certains sont devenus la marque de fabrique de la licence), ainsi que l'utilisation du noir et blanc. 
Pour l'anecdote la trajectoire  des missiles dans Macross n'est pas linéaire, mais part un peu dans tous les sens. Ça peut paraître anecdotique aujourd’hui étant donné que c'est le cas dans beaucoup animes, mais c'est avec SDF Macross que ce procédé visuel imaginé pour rendre les scènes plus esthétiques et dynamiques est devenu populaire. Ce procédé est d’ailleurs couramment surnommé  « Macross Missile Massacre », ou « Itano Circus » en l'honneur de son créateur.

7) Son

Dans Macross la musique a un rôle particulièrement important, loin de n'être là que pour servir de fonds sonore. La musique est ici intelligemment utilisée et intégrée dans l'histoire comme le symbole de la culture et des sentiments humains. Élément clef de l'un des points les plus intéressant de Macross, le choc culturel entre les humains et les extraterrestres. 

Toutes les chansons sont chantées par le personnage de Minmay, interprétée et doublée par Mari Iijima, dans un style idole des années 80. Abordant des sujets très varié et de nombreux sentiments : allant de l'amour adolescent, à la tristesse et la nostalgie, et peuvent être aussi bien joyeuses,  énergique, légère et enfantine, qu'émotif, triste et engagée. Avec comme thèmes principaux l'amour et la paix. Ces chansons sont utilisées pour divertir et remonter le moral des habitants du Macross, un rôle assez classique, mais son originalité réelle est qu'elles sont également utilisées comme une véritable « arme » psychologique.  
Cette importance donnée à la musique ne plaît pas forcément en occident. Les principaux reproches viennent du style J-Pop 80's et de sa forte présence. Il faut bien comprendre que la musique et un élément fondateur des Macross, au même titre que ses triangles amoureux et ses mécha. SDF Macross est d’ailleurs considéré comme l'un des premiers anime musicale. Il est ainsi très courant que les combats importants alternent entre scènes de batailles et plans de Minmay qui chante. Certains trouvent que ça gâche l'ambiance, le rythme et n'a pas d'intérêt, très clairement si on ne recherche que de l'action non stop il faut se tourner vers Gundam et non Macross.
Il faut savoir que Mari Iijima n'est pas une doubleuse mais une chanteuse, qui comme Minmay fit ses débuts avec Macross, et qui reste encore aujourd’hui populaire, son dernière album est sorti en 2018. Il est ensuite devenu habituel d'organiser de grandes auditions à travers tout le Japon pour trouver la nouvelle idole des Macross. 

Mais si  Macross est surtout célèbre pour ses chansons, on oubli souvent de souligner le haut niveau de ses musiques d'ambiances et de ses bruitages. Il est tout simplement très rare de trouver un anime avec une bande originale aussi efficace et mémorable. Tout aussi enjouée et calme, qu'oppressante et véritablement épique. On peut même dire que l'OST permet à elle seule d’effacer en partie la faible qualité visuelle. 

8) Portée du film 

Durant les années 80 les américains « créèrent » « Robotech », en prenant Macross est deux autres séries produites par le même studio. C'est avec cette version que l'occident connaîtra Macross. Très populaire, Macross (par l’intermédiaire de Robotech) est devenu un pionnier du boom de l'animation Japonaise en dehors du Japon, où il est d’ailleurs le premier représentant du genre mécha réaliste, bien avant Gundam. Malheureusement, des problèmes de droits entre le Japon et la société américaine Harmony Gold (créateur de Robotech) bloqua rapidement la sortie des suites hors du Japon. Macross perdit ainsi en visibilité (et donc popularité) face à d'autres licences. D’ailleurs, en France SDF Macross n'est sorti quand 2004, soit plus de 20ans après sa diffusion au Japon ! Le  Macross le plus « récent » sorti en France est Macross Plus (sorti au Japon en 1996). 
Quand au Japon la licence est encore très vivante puis-ce-qu'un deuxième film Macross Delta est prévu pour 2019. 

9) Conclusion

Si tu cherche un anime avec des combats à chaque épisode ( à la gundam) Macross n'est pas pour toi. C'est une série de guerre mais qui a un fort message pacifique et de tolérance. La force de cette 1ére saison (en plus de ses méchas) c'est son scénario maîtrisé et crédible, ses musiques parfaitement adaptées, le tout avec des personnages intéressants et charismatiques. Macross s'impose comme un monument de la S-F, une œuvre qui malgré ses défauts reste encore aujourd’hui parfaitement efficace. 
Si l'aspect visuel te bloque vraiment tu peux tenter le film « Macross do you remember love ? » qui possède une animation bien supérieur, mais l'histoire est assez différente.  

+ Personnages charismatiques
+ Histoire intéressante et bien écrite 
+ Musiques efficaces et mémorables

- Qualité visuelle très aléatoire 
- Quelques éléments scénaristiques un peu trop simplistes

Scenario : 9/10
Personnages : 8/10
Animation / Graphisme : 5/10
Bande son: 9/10

Mon ressenti: 18/20

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